Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu de rêves pendant mon enfance, je le reconnais et l’accepte aujourd’hui. Je vivais mon quotidien, j’étais très joyeuse et je profitais de ce que j’avais mais ma famille ne m’ouvrait pas au monde, à la découverte, aux autres. Pas d’échanges, pas de discussions possibles, pas de rêves envisageables.
Adolescente, puis jeune adulte, j’ai eu envie de faire une école d’art, puis de psychologie mais mes parents n’étaient pas d’accord ; j’ai accepté, pas de rêves possibles. Je me suis toujours sur-adaptée, pour moins souffrir face à la négation de ma façon d’être, au manque ; j’ai alors effacé et oublié mes véritables désirs…
La conséquence est que pendant longtemps je n’ai pas su où aller, quoi faire de ma vie, qui j’étais.
Je ne me connaissais pas, le regard de mes proches reflétait une image qui n’était pas la mienne.
C’est l’amour pour mon mari, puis pour mes enfants et ensuite pour moi-même, qui m’ont amenée à retrouver mon chemin, mes rêves, mes désirs profonds : créer, travailler en faisant du bien aux autres. Créer une famille, créer la vie, ma vie. L’art et l’amour pour l’autre.
Je crois que l’enfant est naturellement ouvert au monde, confiant et rêveur ; mais cela n’est possible que si son environnement l’accompagne dans cette exploration en le sécurisant et en lui disant « Je t’écoute, je t’entends et je te vois. Tu peux y arriver, tu peux faire ce que tu désires, rêve et nourris ton rêve ! ».
Parfois, comme dans mon cas, on n’a pas accès à son rêve, on n’arrive même pas à le ressentir, à le mettre en forme et en mots ; le rêve n’a pas d’espace. Finalement, il a réussi à briser le silence, puis, non écouté, il s’est tut à nouveau.
Parfois l’enfant vit de tels traumatismes, de telles situations de violence physique ou psychologique, que la seule issue est de se créer un monde imaginaire où le rêve permet de survivre et de ne???? pas succomber au présent. Le rêve est alors l’issue, la fente qui permet de voir la lumière. Le rêve devient la seule réalité possible, envisageable.
Ce qui caractérise le rêve de l’enfant est qu’il est toujours réalisable, atteignable ! Il n’y a pas de limites, pas de blocages, pas de peurs, c’est le monde des adultes qui souvent s’évertue à le freiner.
MON RÊVE EST QUE L’AMOUR SOIT MIS AU CENTRE DE CHAQUE CHOIX, DE CHAQUE DECISION ; l’amour de l’autre, l’amour du vivant, l’amour de soi.
MON RÊVE EST QU’ON PERMETTE AUX ENFANTS DE RÊVER, D’IMAGINER ET CREER LE MONDE DE DEMAIN, D’ÊTRE LES ADULTES QU’ILS RÊVENT D’ÊTRE ; que nous, les adultes, nous leur donnions les moyens de réaliser tout cela.
MON RÊVE EST QU’ON LES ACCOMPAGNE à LA DECOUVERTE DU MONDE COMME DES ÊTRE UNIQUES ET SPECIAUX. L’enfant doit être au centre de nos priorités, pour qu’il soit heureux en tant qu’adulte, en tant qu’âgé, et qu’il puisse transmettre cet amour à son tour.
Aujourd’hui je prends donc soin de mon enfant intérieur, en tenant compte de tout ce qu’il n’a pas eu, en lui permettant de réaliser les rêves qui auraient pu être les siens.
Auteure : Sara Guerrini Guyot, art-thérapeute
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